Dans le sanctuaire des Annapurnas
28 septembre 2000 • Rubrique: Népal03-10-2000 – Deuxième jour de marche
Après un réveil matinal et ensoleillé, dans un décor de rizières plus lumineuses que la veille, avec vue sur les hautes neiges de l’Annapurna, nous partons pour une première grande étape.
Le matin, à basse altitude, le long de la rivière, nous croisons de jeunes femmes népalaises, qui déboulent de chaque rizière, et élégamment vêtues de « kultar » (ensemble robe pantalon) colorés, se dirigent avec leurs nu-pieds et leurs sacs de ville en tissu noir vers Pokhara ! Sur notre chemin, au fil des hameaux, des hommes s’activent à la culture, et à l’entretien des terrains.
Il nous faut aussi trouver le meilleur chemin pour éviter les zones d’eau trop hautes. Le guide le plus malin à ce jeu est Santos -le fils de Goré- qui, âgé de 7 ans, est plus malin que Franck ! Nous le suivons ! Avant le repas de midi, une montée en escaliers nous attend : en effet, pour pouvoir circuler entre les villages pendant les saisons de mousson, les népalais ont aménagé des chemins en escalier, avec de grosses dalles, en marbre pour certaines. En marchant, un sherpa m’apprend les rudiments népalais ; son nom est Divi Basnet, et il me nomme les cultures que nous voyons : le riz, « bhãt », le riz cuit se dit « chãmal », les lentilles, « dãl »… Il m’apprend aussi à compter ; je suis heureuse de mes acquis en népalais ! Nous faisons halte pour le repas sur la place centrale d’un petit village, lieu de rassemblement des népalais (lessive ou douche à la fontaine pour les femmes, tressage de corbeilles en osier pour les hommes, courses et jeux pour les enfants).
Puis, nous continuons notre montée vers le village de Luwang (1950 m). En chemin, la pluie nous oblige à sortir nos capes, et à nous inquiéter des sangsues, petites bêtes limaceuses qui se collent aux pieds ou ailleurs pour sucer le sang, en faisant parfois des piqûres de la taille d’une paume de la main. Aussi, tout en marchant, nous observons avec attention nos chaussures, prêts à chasser toute sangsue -« duigas »-, soit avec du sel, soit avec un briquet. Tandis que les sherpas rient de notre comportement angoissé, nous, nous les admirons : pieds nus à moitié ensanglantés dans leurs sandales, ils gardent leur calme et leur sourire !
Entre la pluie et les duigas, le chemin n’est agréable pour personne, et lorsque nous arrivons au village, notre campement est inondé, investi par les sangsues… Et, c’est le seul lieu pour dormir ! Heureusement, alors que la nuit tombe, la pluie cesse un peu, et à l’heure du repas, la lampe de la tente mess nous sèche et réchauffe un peu. Soudain, au moment où nous allions rejoindre nos tentes de nuit, nous recevons la visite d’enfants du village, venus chanter avec un tam-tam. Une jeune fille, plus âgée, nous invite à danser, à reproduire ses gestes harmonieux. Notre cuisinier Kamel est très enthousiaste, et nous aussi !…A l’heure du coucher, il nous faut inspecter les tentes, pour les débarrasser des sangsues… La nuit est moins tranquille que la précédente !